• Mes mains n'ont pas le goût du fer
    Qu'il faut chauffer pour tordre
    Et mes dents refusent de mordre
    Dans le sale argent salaire.

    Pas le coeur à scier un arbre
    Sinon pour chauffer cabane
    Refusant l'offre macabre
    D'un fossoyeur de Sainte-Anne.

    Pas les jambes  à courir
    A pédaler pour vite livrer
    Le manteau de cachemire
    De la cliente fatiguée.

    Pas de corps pour y mettre
    Un uniforme militaire
    Vert garde-champêtre
    Et je n'aime pas la guerre.

    Pas de cul pour m'asseoir
    Derrière le cuir du volant
    D'une grosse caisse noire
    La garer derrière le restaurant.

    Pas de corps à offrir
    Pas d'âme à vendre
    Mais parfois un sourire
    Avec un baiser bien tendre.

    C.L.


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  • Les anesthésistes ne s'endorment pas

    Des ours polaires dans Paris
    le dernier gorille est mort
    au milieu du désert.
    L'Amazone est tarie
    nous mettons sans remord
    des bouchons aux geysers.

    Tout va bien les igloos fondent
    nous mangeons des esquimaux
    il n'y a plus de phoques
    c'est la toundra qu'ils tondent
    des arbres sans rameaux
    poussent entre les blocs.

    Et ma rue éventrée
    par les chenilles des chars
    qui ne démarrent plus.
    J'ai trouvé dans l'entrée
    les corps de lascars
    que les flics avaient vus.

    J'ai planqué sous mon lit
    un très vieux masque à gaz
    deux ampoules d'iode
    des boîtes de ravioli
    mon coffre-fort est nase
    on m'a volé le code.

    Et si demain matin
    les scaphandriers
    veulent intervenir
    je poserai mon joint
    sur le cendrier
    avant d'en finir.

    La dernière edelweiss
    est dans un bocal
    au douzième sous-sol
    Ich weiß daß ich weiß
    je l'ai lu dans le journal
    quand j'allais à l'école.

    J'ai gravé un prénom
    sur l'une des faces
    d'un de leurs fruits carrés
    j'ai mis la date, c'est con,
    plus rien ne s'efface
    c'est pour l'éternité.

    Y a plus qu'Hermann Melville
    pour parler des baleines
    sur la planète hirsute
    je me souviens de la ville
    quand des mecs hors d'haleine
    se jetaient des insultes.

    Des loups ont éventré hier
    la digue du vide-ordure
    depuis les hyènes rôdent
    et au bord de la rivière
    on trempe ses gerçures
    les épaves s'érodent.

    Si demain matin
    les scaphandriers
    veulent intervenir
    je poserai mon joint
    sur le cendrier
    avant d'en finir.

    Dans la télévision
    quatre poissons rouges
    pas encore mangés
    parfois j'ai des visions
    je me vois boire du vin rouge
    que j'aurais vendangé

    Mais entre parenthèses
    à part mes ravioli
    qui sont des collectors
    tout est de synthèse
    même les pissenlits
    qui couvrent les corps

    alors si demain matin
    les scaphandriers
    veulent intervenir
    la braise de mon joint
    allumera le brasier
    d'un autre avenir.

    C.L.

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  • Déjà la rue se vide derrière la vitre.

    Moi, je voudrais bien

    ouvrir des portes.

     

    Etat végétatif persistant

    sensible à toute

    affection douloureuse.

     

    Ruez, ruez, ruez

    et dites la vérité !

    Peut plus mentir

    le monde rondement

    malmené.

     

    L'attente de

    l'explosion.

     

    Encore vide la vitre sur la rue.

    Moi, je voudrais bien

    ouvrir des portes.

     

    C.L.


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  • J'avais acheté un nez rouge, quitté le black block.
    j'avais quand même enfilé mes doc',
    on allait ruer dans le défilé, j'ai filé.

    Rendez-vous au palais d'anciens rois loin des champs
    tueurs à la croix de bois, de batailles et des Elysées,
    je suis arrivé bien en avance sur l'averse.

    Alors y avait là des flics, j'ai fait mon pitre.
    J'ai fait le militant de Tien Anmen devant les chars
    sous les sifflets des flics, je traversais.

    Et je traversais et traversais et traversais !
    D'un trottoir à l'autre et de l'autre à l'un, le précedent,
    puis le suivant, ainsi de suite et vice versa.

    Et je traversais, et traversais doucement, doucement, tout doucement
    jusqu'à ce qu'un, jusqu'à ce qu'on,
    ce con de flic vienne me voir, salut militaire, monsieur, etc.

    J'ai dit y a pas de monsieur qui tienne ! C'est quatorze juillet !
    les monsieur, les messieurs, les dames et les madames
    s'il en reste c'est que le boulot n'est pas fini !

    Il a insisté ne traversez plus ! J'ai dit j'attends quelqu'une !

    Oui mais ne traversez plus a-t-il intimé !

    J'ai dit je ne sais pas par où elle arrive, je traverse dans les clous !

    Des clous qu'il m'a dit alors que les hélicoptères, six hélicoptères,
    épiaient la conversation.

    Où était l'armée des clowns ?
    A la rescousse ! SOS ! Mayday  ! Des munitions, ce con m'use !

    Lunettes même pas périscopiques,
    un air premier de la classe même pas première classe,
    police, circulation, PV, pas de fourragère, minus,
    arretez de traverser !

    Faut vivre sur terre, les martiens, ça existe !
    Faut sortir, les Terriens, ça existe !

    Pour que les bourgeois nationalo-fachos voient leur défilé militaire
    ce dernier de la classe qu'a une gueule à cafarder, cafter, moufter
    me dit de ne pas traverser... la rue !

    La rue !
    Ma rue !
    Nos rues !
    Verrue !

    L'averse est arrivée entre deux patrouilles de France
    et les chasseurs alpins déguisés en hiver post-nucléaire.

    Arrêtez de traverser qu'il a répété sous la pluie !

    J'ai bien vu que ça l'embêtait la traversée
    et les clowns qui n'arrivaient pas...

    J'ai fini par arrêter de traverser.

    Dans la solitude des champs de bataille...

    Ne traversez plus !



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  • Ah que reviennent

    les bons temps d'Anarchie,

    nous briserons nos chaînes,

    réveillerons Paris !

    Révolution sociale

    où nous ferons bombance

    ainsi qu'un grand bal

    sous l'arch'de la Défense !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps de l'Amour,

    nous briserons nos chaînes,

    réveillerons Strasbourg !

    Sous la grande verrière

    d'la gare emprisonnée

    nous dirons : les frontières

    sont enfin abandonnées !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps des agapes,

    les chaînes s'ront humaines

    de l'Elysée à Trappes !

    Et si la gangrène

    qu'on appelle brune peste

    revient ce s'ra sans haine

    qu'on la noiera à Brest !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps d'Anarchie,

    nous briserons nos chaînes

    de Reims à Montargis !

    Nous serons tous debouts

    et nous f'rons des bêtises

    d'Lille à Nogent-l'Rotrou

    l'Amitié comme devise !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps du réveil,

    nous briserons nos chaînes

    réveillerons Marseille !

    Ce s'ront des bacchanales

    prisons, casernes en feu

    et plus d'icônes d'Epinal

    pour aucun bon dieu !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps d'Egalité,

    si la vie est un'chienne

    nous cess'rons d'la gâter !

    Il n'y aura plus un'rixe,

    plus de maréchaussée,

    pas plus à Chamonix

    Que sur l'Îl'de Beauté !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps des festins

    sur les terres des Cévennes,

    dans les usines de Flins !

    Et pour les p'tits garçons

    il n'y aura plus d'escorte !

    Du fort de Brégançon

    nous défonc'rons la porte !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps d'Anarchie,

    nous briserons nos chaînes,

    nous prendrons les mairies,

    dans les villes, les quartiers,

    les villages, les hameaux,

    à l'école, à l'atelier

    nous serons tous égaux !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps d'Anarchie,

    réveillerons Cayenne,

    liberté aux colonies !

    Nous f'rons partout les pîtres,

    et de Lyon à Vitrolle

    de Saint-D'nis à Point-à-Pître,

    serons Canuts et Guignol !

     

    Ah que reviennent

    les bons temps de la joie,

    et que les peuples viennent

    se joindre à notre émoi !

    De Bagdad de Moscou,

    Pékin, Rome, Nouatchok

    New-York, Rio, Katmandou

    pour un ultim'Black Block


    Coyote 11 mai 2010

     

     

     


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