• Face aux flics, solidarité ! Justice sociale !

    Je me souviens que, depuis tout petit, dans la tannière du coyote on entendait les adultes dire : "faut toujours se méfier des flics, les CRS c'est les pires mais les gendarmes sont pas mieux, eux, c'est carrément des militaires alors t'imagine..."  Non, le coyote n'imaginait pas... Et on ne parlait pas de la BAC, ça n'existait pas.

     

    Le coyote, s'il se voyait père d'une portée de petits coyotes aujourd'hui, il  enseignerait à ses bébés soit la tactique de l'évitement total (encore que de nos jours les poulets soient partout) soit la morsure, la guerilla des bois comme la guerilla des villes.

     

    Et peut-être de jeunes coyotes feraient comme ce lycéen qui a  risqué sa vie pour défendre un bébé de la barbarie policière avec le résultat suivant : une balle de flashball dans la jambe, un gazage et une mise en examen (et nous n'évoquerons pas les éventuelles insultes, humiliations qu'il a dû subir avec ses camarades de lycée quand on lit les témoignages qui suivent, hum...)

     

    Police partout, justice nulle part !

     

    Reprenons notre retraite ! Jeunesse lève-toi ! Vieillesse redresse toi et, entre les deux, réagissons !

    Garde à vue des six lycéens de Fontainebleau : un couple pris dans les violences policières

    L'un des six lycéens mis en examen pour rébellion et agression contre les forces de l'ordre, le 12 octobre à Fontainebleau, a maintenu devant le juge pour enfants avoir repoussé une grenade lacrymogène pour protéger un bébé dans une poussette. Les parents du bébé, Emmanuel et Myléna, racontent ce qu'ils ont vu et vécu lors de la dispersion de la manifestation lycéenne. Ils confirment ce qu'a dit le lycéen et veulent témoigner devant la justice. Selon eux, sans ce jeune homme, leur bébé aurait dû être blessé ou peut-être pire : les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et des flashballs sur la foule, au hasard.





    P.H : Pour quelle raisons étiez-vous présents, votre compagne, votre bébé et vous-même au moment de la dispersion de la manifestation ?

    Emmanuel : «On devait aller en centre ville, à la banque faire des papiers. On s’est retrouvé encerclé au bout de la rue, il y avait les CRS des deux côtés, on ne pouvait pas passer. Ca tirait pas encore, c’était tendu, il y avait des charges de CRS au moment où on est arrivé. Ils couraient contre la foule, au croisement de la rue, on a été obligé de partir, avec  la petite. Il y avait des personnes âgées. Un groupe de CRS a fait tomber par terre une personne âgée.»

    P.H : Quand les gaz lacrymogènes ont été lancés, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

    «On a été repoussé avec la foule quand ça chargeait. Après on avait des choses à faire, on avait rien à voir avec ça, on a continué, et là, ça a tiré directement dans la foule. La première fois c’est tombé à 2 mètres, deux mètres cinquante de nous. La deuxième grenade c’est un lycéen qui s’est mis devant (ndlr : le lycéen mis en examen), sinon c’est la poussette et notre fille qui la prenait. Quand j’ai vu le premier tir, on a reculé, je suis parti directement voir les CRS. J’avais des preuves que je venais pour aller à la banque, je leur ai montré et on m’a répondu «ferme ta gueule, dégage de là», mot pour mot. Je leur ai dit que ma fille était bloquée dans les gaz lacrymogène, ils m’ont dit de faire le tour. C’est pendant que je discutais avec eux qu’ils ont tiré une deuxième grenade. Quand je suis revenu vers ma compagne c’est là que j’ai vu une veste sur la poussette.»

    Myléna : «Le jeune (ndlr : celui mis en examen) avait mis la veste sur la poussette pour protéger la petite des gaz,  il s’est interposé, il a pris un flashball dans la jambe, et a relancé une grenade qui était à côté de la poussette, c’était soit lui soit la petite, il a préféré que ce soit lui.»

    P.H Quand il a repoussé la grenade lacrymogène, il l’a fait comment ?

    Myléna : «Il a fait un geste comme tout le monde l’aurait fait. Il a essayé de la dégager le plus loin possible de la petite.

    Emmanuel : «S’il ne se mettait pas devant la poussette, c’est la poussette qui prenait le tir».

    P.H : Les CRS étaient à quelle distance ?

    Emmanuel : «Au début ils étaient collés, après ils étaient à quinze, vingt mètres.»

    P.H : Les CRS pouvaient voir la poussette ?

    Emmanuel : «Bien sûr, je leur ai dit, il y avait des lycéens qui leur ont dit «arrêtez, il y a un bébé qui passe». Quand on a voulu s’en aller, ils nous ont dit : «allez y, allez y, passez, passez, personne fait rien, on bloque», et au moment où on arrivait au milieu de la route, les CRS se sont remis à charger. Ils voyaient bien qu’il y avait une poussette. Et nous, c’est une coiffeuse qui nous a fait rentrer dans son magasin pour nous protéger.»

    Myléna : «Les CRS se sont pris pour des cowboys. Les lycéens ils faisaient leur manifestation, ils étaient par terre, sur la route. C’est là que les CRS ont fait n’importe quoi. On a vu trois policiers qui passaient dans la foule et dès que quelqu’un les regardait à peine, ils leur mettaient des coups de bouclier, ils leur parlaient mal. Ils ont tapé un jeune devant tout le monde et il l’ont menotté.»

    P.H : Est ce que vous témoignerez au tribunal pour le procès des lycéens mis en garde à vue ?

    Emmanuel : «Moi , je viendrai. Si cette personne là n’était pas là ce jour là, ma fille elle se prenait une cartouche. Grâce à lui, on a réussi à empêcher le pire. Je suis obligé, je viendrai. Il a mis en quelque sorte sa vie en danger pour protéger ma fille. Il ne nous connaissait pas, on l’avait jamais vu. Il s’est mis en opposition, il s’est pris une flashball dans la jambe pour la protéger.»

    P.H : Qu’est-ce que vous pouvez dire sur cette manifestation, pour conclure ?

    Emmanuel : «Ils ont tiré sur la foule sans calculer, comme ça, il y avait un deuxième couple avec une poussette, elle est partie tout de suite aux urgences. Ce couple, ils se sont pris des projectiles que la police a jetés. Les jeunes se sont mis devant pour éviter qu’il ait un problème avec la petite, c’est les jeunes qui ont essayé d’aider, les forces de l’ordre, il n’y avait rien à faire. Les jeunes étaient solidaires, ils essayaient d’aider les gens par terre. Il y avait un jeune avec des marques au visage, qui saignait, entouré par un groupe de trente policiers et CRS autour de lui. Il y a une femme policier qui a braqué un lycéen avec son flashball qui venait voir pour son copain par terre, elle lui a dit «tu bouges pas ou je tire !» Ils sont restés au moins un quart d’heure à le taper. Les trois policiers qui circulaient dans la foule, ils regardaient les jeunes et les agressaient. Il y a un jeune qui ne faisait rien, adossé à un mur, un policier lui a mis un coup de bouclier dans la tête. A un moment les lycéens sont allés voir les policiers qui étaient devant la mairie et d’autres qui sortaient de la mairie, qui étaient derrière les portes de la mairie. Les policiers les ont insultés, leur ont dit "dégage, dégage". Ca tirait dans la foule, j’ai vu des personnes âgées qui pleuraient à cause des gaz. On se serait cru dans un film. On se sentait plus en sécurité avec les jeunes qu’avec les policiers. C'est grâce aux jeunes qu'on a pu rentrer chez nous.

    Témoignage recueilli dimanche 24 octobre 2010 au domicile d’Emmanuel et Myléna, parents de la petite Océane, 12 mois.Les anesthésistes ne s'endorment pas

    http://www.mediapart.fr/club/blog/alain-bertho

     

    Il manque des événements sur cette carte : Saint-Quentin, reims, par exemple (NdC).

     

    Alain Bertho, anthropologue est l'auteur du très bon livre Le temps des émeutes dans lequel il traite des émeutes qui ont lieu dans le monde depuis une dizaine d'années, que ce soient les émeutes dites de la faim, les émeutes identitaires, les émeutes politiques, etc. A lire.


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  • Commentaires

    1
    grandfred
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 18:14

    je fais tourner ce magnifique article !

    et le prochain môme qui gueule dans une manif " la police avec nous" sera collé 10 h avec comme travail une dissert' sur "je dois réflêchir avant de parler !"

    2
    Canis Latrans Profil de Canis Latrans
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 18:26

    Et apprendre cette célèbre comptine :

     

    La meilleure façon de lutter

    c'est encore la nôtre

    c'est d'ramasser les pavés

    et les balancer !

    Les balancer !

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    3
    geka
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 20:15

    C'est notre ami grand fred qui m'a donné ton blog...


    Magnifique comme grand le dit... Il le sait, ma lutte dure depuis  40 ans !!! et elle ne s'arretera que lorsque un rendez vous que je ne pourrais remettre m'obligera à vous quitter tous !!


    @mitiés fraternelles

    4
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 20:21
    Voilà un témoignage instructif de la barbarie policière.
    La police ne s'amuse pas à ce petit jeu, ni avec les soderurgistes, ni les pêcheurs, ni les viticulteurs, bref avec ceux qui peuvent leur en mettre la plein la gueule.
    Autant dire que ce sont des couards qui bastonnent quand ils savent qu'ils ne risquent rien.
    Des moins que rien et c'est encore beaucoup!
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