• Ah, les poulets de carrefour !

    Il y a, dans le sud de la capitale de la réserve, des carrefours comme ailleurs. Mais contrairement à certains carrefours ruraux par exemple, ceux-là sont ponctuellement envahis de poulets ! Eh oui, le matin quand c'est l'heure d'emmener les bébés coyotes dans la cage de l'éducastration nationale, quand c'est l'heure d'aller soi-même pointer son museau devant le groin d'un exploiteur les poulets, eux, envahissent le carrefour !

     

    Mais que se passe-t-il à ce carrefour pour que dès le midi ils y reviennent et encore une fois le soir lorsque la nuit tombe et que chaque bête de somme terrassée qui a récupérer sa progéniture fourbue rentre enfin à la tannière ? Il se passe que les bêtes de somme rentrent parfois en convois, en caravanes, en cortège de véhicules disparates, bruyants et nombreux. Ce n'est que ça qui attire les poulets et il faut les entendre caqueter, siffler à tout va ! Et il ne faut pas les contrarier sinon ils vous volent dans les plumes !

     

    C'est ce qui s'est passé hier soir.

     

    Alors que le coyote revenait à pattes de l'endroit où il occupe ses journées au service de la réserve, pour le bien de la réserve, (pouvoir de la réserve par la réserve pour la réserve, principe fondateur de la constitution réservée) voilà qu'il doit traverser ledit carrefour empoulaillé et encombré de véhicules dont le coyote a déjà dit qu'ils étaient nombreux, disparates voire hétéroclites et bruyants. Il y avait là une ambulance bloquée dont le klaxon semblait remplacer une sirène sans doute en panne, des nuées de scooters, mobylettes, vélos et autres solex, des camions dont un sérigraphié POLICE qui, mal garé gênait carrément la libre circulation et des voitures et des automobiles et des vroum vroum et des bagnoles, des caisses, des guindes et deux ou trois bus embués remplis de bétail laborieux !

     

    Au milieu de ce flot immobile chaque piéton tentait tant bien que mal de traverser la chaussée. Le coyote précise que tout ça se déroulait sous une averse glaciale de pluie de neige et de grêle. C'est une précision importante parce que les poulets n'aiment pas l'eau et le coyote ne sache même pas qu'ils nagent.

     

    Alors que ça piaillait, pouletisait et sifflait à grand souffle une autombile s'arrête près d'un poulet battant des ailes, sans doute pour se réchauffer, et le chauffeur actionne alors sa trompe, enfin, celle de son véhicule.

     

    Et alors ? Et alors ? Et alors le poulet, hors de lui, jaillissant à travers bourrasques et rideaux de pluie, de neige et de grêle comme un diable sort sec de sa boîte se mit à insulter vertement le chauffeur ! Et quand le coyote dit insulter, c'est presqu'un euphémisme.

     

    Un poulet, c'est déjà vulgaire à regarder mais alors à entendre ! Espèce d'enfoiré (en fait il a été plus précis, spécifiant à la foule ébahie les habitudes plutôt anales du conducteur qui ne s'attendait certainement pas à voir sa vie sexuelle étalée sur la place publique, à un carrefour, par une poule mouillée, pardon, un poulet), espèce d'enculé, donc, c'est à cause de connards comme toi que c'est le bordel, tu me fais chier, descend qu'on s'explique et tout un blablabla obscène, grossier, ordurier, volatile à mort !

     

    Le pauvre chauffeur ainsi morigéné ne descendit pas de voiture, personne ne cria Police partout, justice nulle part ! Personne ne riposta en proposant, par exemple, un coktail à la russe, ou à la grecque au poulet. Personne ne dit rien alors que c'était bien, vous l'aurez compris, un genre de poulet que, si on le regarde dans les yeux il vous emmène au poulailler pour outrage ! Un de ces poulets qui, si on lui dit à quel point il est con et que c'est même sans doute pour ça qu'il fait ce boulot vous plante ses ergots prolongés d'un taser (attention c'est une marque !) ou d'une balle en caourchouc dans l'oeil. Ce genre de poulet qui boit de la bière pendant l'encadrement robocopifié de manifestations démocratiques. Ce genre de poulets qui vous montrent leurs majeurs pointés  vers le ciel derrière leurs boucliers de plexiglas. Ce genre de volaille !

     

    Et, non, personne n'a réagit. Ce poulet a admonesté verbalement et avec une violence inouïe ce chauffeur klaxonnant sans que quiconque ne bouge et, le coyote ayant eu des soucis avec le poulailler ces derniers temps n'a rien dit non plus !

    Ah, les poulets de carrefour ne valent pas ceux de Loué.

    Mais on les aura, rien ne Bresse, pardon, ne presse.


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  • Commentaires

    1
    grandfred
    Jeudi 23 Décembre 2010 à 16:22

    une histoire banale ! oui banale et c' est ce qui est grave ! ces poulets mouillés savent qu 'ils ont tous les droits et en abusent ! le sketch de coluche sur les keufs est si réél !

    ton histoire est banale mais si grave ! combien sommes nous à avoir vécu cette scène avec la rage au coeur et la raison qui dit " doucement ! tu as déjà donné !! doucement ! ils sont trop nombreux poue en claquer un !" et dire qu' il y a des moutons qui AIMENT la police !

    une envie de bouffer de l' agneau me monte à la gorge !

     

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